billets

 

 

  • Sur Les Onze de Pierre Michon

    Si le roman s'invente dans les marges de l'histoire, la littérature parvient, parfois, à modifier la perception de celle-ci.Les onzea Il fallait l'imagination de l' écrivain  Pierre Michon,  choisissant de redonner vie à un personnage tel que  Collot d'Herbois, totalement oublié  en tant que comédien et auteur dramatique, pour qu'il reprenne figure parmi les OnzeInvariables et droits, Les Commissaires, Le Grand Comité de la GrandeTerreur.(page43,Gallimard/Folio,edit.)

    ___________________

     Le comédien  André Marcon lit un extrait du livre.

    (video trouvée après l'écriture du billet)

     

    ___________________

    Ce qui suit correspond (avant cette vidéo) à l'essai d'une idée d'ensemble de l'ouvrage. autre qu'une analyse ou un propos  d' esthétique picturale.

    __________________

    Dans cette absoption de l'histoire  par la fiction  un  narrateur anonyme s'adresse à un lecteur virtuel (dénommé Monsieur) et lui raconte d'abord, sur un mode balzacien, l'enfance du peintre Corentin, limousin né près d'Orléans à Combleux. et qui va trouver l'occasion de peindre ce tableau des Onze, sujet, actant principal  du livre.

    D'où viennent les  personnages historiques représentés ?
     Ils rêvaient de gloire littéraire, étaient poète élégiaque, avocat, poète épique, librettiste d'opéra, dramaturge, surpris que le métier d'homme soit commissaire __et non pas auteur.  ( p.52 id., )

    450px comite salut public 1                     Le Comité de salut public, an II.
                 Aquarelle anonyme, Paris, 
    BnF, , vers 1793-1794.

    Le rôle de Collot

    Ainsi  Collot, à qui est dévolu  un rôle privilégié dans la commande de ce  tableau à Corentin durant la nuit du 15  nivôse an II.

    Ayant tout à craindre des  incertitudes politiques du moment, Collot et d'autres Commissaires veulent disposer d'un joker permettant de conjurer le sort. L'image par elle même célébrant aussi bien la victoire des robespierristes,  que stigmatisant leur défaîte.

    C'est un trio composé de Collot d'Herbois, Léonard Bourdon, et Proli le mécène de l'affaire, l'homme aux mains d'or, le banquier des patriotes (p.83,id.) qui  passe cette  commande insolite :

    " Peins Le Grand Comité de l'an II. Le Comité de salut public. Fais-en ce que tu veux : des saints, des tyrans,  des larrons, des princes. Mais mets-les tous ensemble " (p.89, id.) .

    ________________

     Le dernier chapitre du roman, comme d'une écriture palimpseste, efface ce récit.

    Que s'est-il réellement  passé durant cette nuit du 15 nivôse, d'ailleurs était-ce vraiment la nuit ? Il n'en resterait que les effets scéniques de trois personnages qui sont des types : Collot dans le rôle de Macbeth, Bourdon en Iago, Proli en Shylock (p.118,id.). Dans une dernière évocation des Onze sous forme de masques, Collot apparaît  suspendu au-dessus de sa pyramide  des collets renversés (p.129,id.)

    Le livre se termine  par une rêverie autour de Michelet et s'achève en méditation sur l'Histoire.  Les douze pages de l'historien qui sont évoquées, purement fictives, semblent sortir d'un tableau de Caravage et non pas de Tiepolo. (p.120,id.)

    Sur le personnage de Corentin.

      Corentin le peintre, écrit le narrateur, travaille au Comité  des arts  dans l'atelier de  David. S'il est un maître, sa manière relève d'un ancien monde tiepolien, obsolète, que David méprise à l'égal de Fragonard et de Greuze. 

     C'est avec un grand fou rire intérieur (p.88 id.)  que Corentin exécute sérieusement des lubies voulues par David.

    _________________________

    Telechargera

    Comité de surveillance révolutionnaire de la section parisienne de l’an II, d’après Jean-Baptiste Huet. (Bibliothèque nationale de France, Paris)) On y voit des sans-culottes interroger un vieux citoyen qui exhibe un certificat de civisme...

     

     

     

     

  • Théâtre Romantique-Drame

    Théâtre romantique-Drame

    Tableau historique de ce mouvement selon Alain Couprie

    hernani

    La bataille d'Hernani à la Comédie-Française le 25 février 1830, 1909 - Paul Albert Besnard

    Le drame romantique, dans l'histoire du théâtre,  comme mouvement littéraire, ne fut qu'épisodique :
    " Promis à une longue vie, le drame romantique aura pourtant une courte existence, d'à peine vingt ans "*

    *Alain Couprie, Le Théâtre © Armand Colin, Paris, 2009, 2015, p.110-111 .
      Ses principales manifestations se trouvent rassemblées par l'auteur dans le tableau ci-dessous. Encore faut-il distinguer les textes à visée théorique,  les pièces représentées et les auteurs choisis.

    _______________

    Couprieb

     

    Les exemples traditionnels de textes théoriques sont ceux de Stendhal : Racine et  Shakespeare (I et II ), 1823-1825, de Hugo : la préface de Cromwell (1827), et de Vigny, une Lettre à Lord [...] sur le système dramatique, , (1829).

    Pour ce segment, seul Vigny  associe à sa préface la représentation d'une pièce.

     Les auteurs cités sont principalement :

    -Hugo,  figurant à sept reprises dans ce récapitulatif,  de Hernani en 1830 aux Burgraves en 1843

    Angelo tyran de padoue drame maleuvre paris 1

     

     

     

     

     

    Costume de Melle Mars  rôle de la Thisbée dans Angelo tyran de Padoue Acte I- bnf-

     

     

     

    - Les trois pièces mentionnées de Vigny sont : en 1829 le More de Venise et sa préface à Lord [...] ,  en 1831 la Maréchale d'Ancre, et Chatterton en 1835.

    - de Dumas  ne sont retenues que trois pièces : Antony, 1831,  Catherine Howard, 1834,  et Kean, 1836.

    L'absence de Henri III et sa cour étonne, représenté pourtant  en 1829, un an avant Hernani, et parfois considéré comme le premier drame romantique ( il est vrai, sans la caution d'une  théorie)

    Victor hugo romantics

    Lithographie de De Barray, intitulée  "Les romantiques chassés du temple" et publiée dans La Caricature provisoire, n°8, décembre 1838.

    http://www.caricaturesetcaricature.com/article-10262225.html

    Mérimée avec le Théâtre de Clara Gazul 1825, Musset avec Les Caprices de Marianne 1833 et Lorenzaccio 1834, complètent ce tableau.
    Ces deux auteurs relèvent également d'un genre parallèle, sinon marginal, celui du théâtre lu, du spectacle dans un fauteuil.

    Après l'échec des Nuits Vénitiennes en 1830, Musset ne s'exprimera, comme auteur dramatique, que dans la Revue des deux Mondes, jusqu'en 1847. Selon le mot d'un historien,  les boulevardiers font la sourde oreille, ne  voyant dans les publications de l'écrivain que des "nouvelles" dialoguées, au grand dam de Théophile Gautier déclarant que c'était là du vrai théâtre.

     

    Lire la suite

  • Théâtre et Révolution

     Aperçu

    De Beaumarchais à Jean-Louis Laya

    Le Mariage de Figaro en 1784. met un point final à la   comédie politique du 18e siècle, sous l'ancien régime.

    Personnages du mariage de figaro

    Scène du Mariage de Figaro avec Chérubin, Fanchette et Figaro, au  Théâtre-Français, 1784 (Bibl. de l'Arsenal.)

    Selon le point de vue d'un historien du théâtre * " par dessus la comédie larmoyante, c'était un retour à la vieille tradition ; mais c'était aussi le suprème effort de la comédie classique, réussissant, après plus d'un siècle, à discuter sur le théâtre les intérêts de l'État " .

    * Léon Levrault, La Comédie (evolution du genre) p.97,ed. Delaplane ,  

    ______________

    Depuis son Essai sur le genre dramatique sérieux , préface à son drame d'Eugénie. Beaumarchais se voulait  novateur en adoptant les idées de Diderot. Dans  l'une des assertions  de son discours il relève  :

    "
    Que me font à moi, sujet paisible d’un État monarchique du dix-huitième siècle, les révolutions d’Athènes et de Rome. Quel véritable intérêt puis-je prendre à la mort d’un tyran du Péloponnèse ? "

    Reques10figaro

     Conscience heureuse qui trouvera bientôt ses limites dans le théâtre de la Révolution . La tragédie n'étant plus réservée aux princes  gagne le peuple. L' exemple de l'Ami des Lois, pièce militante,  symbolise le climat conflictuel de la société  :

    " L'ami des Lois, de Jean-Louis Laya, fut un événement politique. Il fut représenté le 2 janvier 1793, pendant que le procès de Louis XVI avait lieu à la  Convention." (Léon Levrault)
    ___________

    403aa
    Le succès est retentissant, mais après quatre représentations la pièce est suspendue, puis un arrêté d'interdiction est placardé le 12 janvier. Décrets pour et contre la pièce se succèdent. La Convention nationale s'opposant au Conseil  éxécutif. Jusqu'au 4 février le public réclame la pièce. Les comédiens, prudents, renoncent , n'exigez pas  les représentations d'un  ouvrage dont les suites pourraient nous être funestes déclare l'acteur Dazincourt

    Enfin,désignés dès lors à la proscription, les Comédiens Français furent, dans la nuit du 3 au 4 septembre, jetés dans les prisons, et restèrent près d'une année entre la vie et la mort. Louis Laya, décrété d'accusation, fut mis hors la loi, et obligé de se cacher pendant toute la durée de la Terreur." * 
    * Réf : Louis Moland, Introduction au Théâtre de la Révolution , ed. Garnier frères 1877
    ______________

    Après la tourmente, renaît l'envie de divertissements plus légers. notamment l'intermède du comique vaudevillesque et  parodique de Madame Angot , Opéra comique en deux actes joué sur le théâtre d' Èmulation l'an V (1796) ayant pour créateur Antoine-François Ève-Démaillot (1747-1814) Auteur dramatique. - Comédien sous le nom de Desmaillot, Démaillot, ou Maillot

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48265v.r=AntoineFran%C3%A7ois+%C3%88ve.langFR

      

  • L. Spohr op 36/Méhul/Lully/T.F.

     

    ,

    Les variations de Louis Spohr op. 36 sur un thème de Méhul,  par Olga Shevelevich Je suis encor dans mon printemps  n'ont qu'un rapport indirect avec le théâtre de foire.
     Pourtant, u
    ne édition de 1821 du théâtre choisi de Lesage,
    établit une équvalence entre l'air , Mon père je viens devant vous, (timbre du T.F.) et Je suis encore dans mon printemps  *File 1 page 1

        L' éditeur  justifie cete équivalence dans l'avertissement qui précède le supplément musical figurant à la fin du volume  de 1821 :

    choix de pieces du theatre de foire .

    Ce qui,  pour l'exemple concerné , renvoie en première occurence à l'Acte II, scène I d'Arlequin Roi de Serendib  :

    " Le theâtre represente le plus bel appartement du Sérail /SCENE PREMIERE/ ARLEQUIN, avec son turban Royal, et un tonnelet.

    UN CUISINIER , ARLEQUIN
    AIR 019
    Mon père, je viens devant vous ou Je suis encor dans mon printemps (d'une Folie ) .  "

    https://www.litterature-comedie.com/pages/airs-a-la-suite/arlequin-roi-de-serendib/#page4

    Une autre source fait de ce refrain populaire, de ce fredon,  la parodie d"un air d"opéra, extrait de Cadmus et Hermione, de  Lully :

    Cadmusabcadmus.jpg (76.61 Ko)

    Parodies d'Opéras page 31

    ______________________

     Par ailleurs,  pour ce qui  est des airs notés, on peut consulter la base de données théâtre et vaudevilles du site  Théaville.org :

    http://www.theaville.org/kitesite/index.php?r=vaudevilles/afficher&ref=confiteor

     

    __________________________

     

     

     

     

  • Turcaret en question

     Comédie en cinq actes de Le Sage. 

    Turcaret, pour le dictionnaire dramatique de Laporte et Chamfort en 1776, cette pièce parait anachronique. L'entrée Turcaret se résume à quelques lignes plutôt ironiques :


     
    " Sous le point de vue le plus comique Le Sage nous présente, dans Turcaret, tous les souterreins, les ressources, le manège, les folles dépenses, les amours insensées, la fausse grandeur, les profusions, les airs, le ton, la fatuité, la sottise des gens d'affaires & des nouveaux parvenus. Les Financiers de ce temps, a dit un homme d'esprit, se sont si considérablement éloignés du caractère joué & bafoué par l'auteur,  qu'ils peuvent en rire aujourd'hui avec le public, comme d'un ridicule entièrement étranger à leur état."

    Turcaret visuel 2

                                 

    Le Sage lui-même dit avoir manqué le caractère de Turcaret.  Dans la critique de son propre ouvrage, il prend comme porte-parole deux   personnages du Diable boiteux :  

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8615757k/f173.item

    ( le lien renvoie directement à la spirituelle critique de Turcaret   par le diable boîteux ) édition de 1709.

    " ASMODÉE. (...) venons au caractère de Turcaret. Qu'en dîtes-vous?

    DON CLÉOFAS. Je dis qu'il est manqué, si les gens d'affaires sont tels qu'on me les a dépeints. Les affaires ont des mystères qui ne sont point ici développés. "

    ________________________

     

    Kuenstler ak turcaret du jour_____________

    Parmi les nombreux commentaires axés principalement sur le financier sans scrupules, l'auteur, P.V.T., Philippe Van Tieghem, dans le Dictionnaire des Personnages collection Bouquins Laffont, ne se limite pas à ce seul aspect et nuance le propos :

    "Cependant à la fin de la pièce, ruiné, il apparaît au milieu de tous les fourbes qui le grugent comme le seul personnage sympathique: il est en effet le seul à éprouver un sentiment sincère et profond : il aime naïvement la baronne avec une entière bonne foi. "

     

     

  • Rire de Molière / M.Edwards

    Dans Le Rire de Molière¹ Michael Edwards   indique le cheminement qui l'a conduit à écrire cet ouvrage : " Étudiant Molière à Cambridge, j'étais étonné de trouver qu'il ne ressemblait pas (...) au Molière que l'on enseignait et qui paraissait dans les nombreux  livres de critique que je compulsais. (...)

    Riremoliere/Edwards

    Je me perdais dans les profondeurs très variées des «grandes» pièces, au-delà de toute satire, de toute «comédie de mœurs» ou « de  caractère», notant, ici, la beauté poétique de l'écriture, ou, là, le fait  que dans le Misanthrope, le « raisonneur» Philinte n'a pas moins tort qu'Alceste et qu'il est tout aussi risible. "
    __________________________

    Hors  des classifications traditionnelles l'essayiste affirme sa liberté de jugement.
    ____________________

    Quelques lignes de la quatrième de couverture résument l'une de ses idées principales   : " Un constat s'impose : on a  tiré Molière du côté du drame, on l'a joué comme Ibsen ou Tchekov, dans l'idée, peur-être, que la gravité, la tristesse et la mélancolie constituaient un label suprême de qualité. "

    Pour faire image, ainsi montrés, ces habits neufs semblent recouvrir un ancien corps de doctrine   qui remonte au 18e siècle, période qui vit prendre essor la comédie dite sérieuse, sous l'impulsion d'auteurs dramatiques, tels, Philippe Néricault Destouches, La Chaussée , Diderot , annonçant  le drame bourgeois.

    Pour la période romantique, M. Edwards, relève ces vers d'  Alfred de Musset, assistant à une représentation du Misanthrope,   ²  ( 1840- Une soirée perdue). "Quelle mâle gaîté si triste et si profonde,/Que, lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer ! "

    Le poète s'autocritique pour avoir ri quand il aurait dû pleurer ; non pas qu'il fût tellement sensible, mais déjà s'installe, dans la négation du rire la légitimité culturelleMus muse
    de la
    haute comédie chez Molière. 

    Attitude paradoxale, si l'on connait , par ailleurs, le génie d'auteur dramatique de Musset, dans la lignée de Marivaux, pour certaines pièces. 


     

    Quoi qu'il en soit, les mises en scènes contemporaines allant jusqu'à l'affirmation du tragique en matière de comédie, demandent plus à être comprises que jugées, et les observations historiques, à cet égard, ne sont  peut-être pas inutiles.

    _____________________

    Un autre aspect de l'ouvrage porte sur le lien entre la littérature et la musique. Lors des  comédies ballets,  Michael Edwards souhaiterait entendre de nouveau la musique de Lully. Cette intention tient à l'idée même du livre, celle du rire avec, à quoi la musique devrait contribuer pleinement, apportant au théâtre de Molière un climat de féérie quasi shakespearienne. On ne peut que le souhaiter.

    L'expérience a été tentée à l'occasion du deuxième centenaire  de la Comédie française, et selon les témoignages, la surcharge lullyste a eu surtout pour effet de ralentir le spectacle. Entre restitution et modernité, il reste à trouver la juste mesure.

    ¹ © Éditions de Fallois, 2012

    ²  Page 137

     

  • Sur le terme «comédie»

     Le terme  comédie , en un sens  vieilli, signifie  toute pièce de théâtre. Plus généralement, hors du théâtre, Il s'applique à divers domaines  , et pour ne prendre que quelques exemples , à l'épopée, à la fable, au roman  :

    - au poême épique,

    avec la Divine Comédie  de Dante .

    Dante et la divine comedie


    L'un des traducteurs de l'Enfer, Rivarol, remarque dans sa présentation  :
    " Dante n'a pas donné le nom de comédie aux trois grandes parties de son poëme, par ce qu'il finit d'une manière heureuse, ayant le Paradis pour dénoûment, ainsi que l'ont cru les commentateurs : mais parce qu'ayant honoré l'Enéide du nom d'ALTA TRAGEDIA, il a voulu prendre un titre plus humble, qui convint mieux au style qu'il emploie, si différent en effet de celui de son maître "

    _____

    - à  la fable ,

    chez La Fontaine,
                 "Une ample  comédie à cent actes divers
                     Et dont la scène est l'univers"
     et  selon ce qu'affirme un historien du fabuliste, ¹

     "Entre la Divine Comédie  de Dante  et  la  comédie humaine encore à venir de Balzac, s’insère celle (de La F.) plus furtive mais plaisante et méritant pourtant d’être prise au sérieux, parce qu’elle reflète, gaiement, la société de cette époque avant La Bruyère. La fusion du théâtre avec la fable élève cette dernière au même niveau que celui qu’atteignent alors les pièces classiques, promotion qui l’anoblit."

    ______

    - au roman,

    quand en 1845  Honoré de Balzac décide de réunir toute son ɶuvre sous le titre : la comédie humaine .
    Dans son avant-propos, Balzac romancier, admirateur de Walter Scott,  prend cependant pour modèles  des auteurs dramatiques :
    " Peu d’œuvres donne beaucoup d’amour-propre, beaucoup de travail donne infiniment de modestie. Cette observation rend compte des examens que Corneille, Molière et autres grands auteurs faisaient de leurs ouvrages : s’il est impossible de les égaler dans leurs belles conceptions, on  peut vouloir leur ressembler en ce sentiment."

    _____________

    ¹ Collinet Jean-Pierre, « La Fontaine et ses « deux faces » , Dix-septième siècle,  https://www.cairn.info/revue-dix-septieme-siecle-2010-1-page-177.htm

     


     
     

     

  • Sur la Foire de Guibray

    Ces trois pièces en un acte, la Foire de Guibray (prologue), Arlequin Mahomet, le Tombeau de Nostradamus -une trilogie foraine- étaient destinées à être représentées à la suite, lors d'une même journée de spectacle du théâtre de foire.

    Imageguibrayimage in n.m bernardin

    L''historien N.M. Bernardin ¹  dans son ouvrage sur la comédie italienne et les péripéties du théâtre de foire, analyse et décrit un aspect de l'expressivité inventive chez Lesage : " Afin de se débarrasser de « ces scènes de liaisons languissantes, qu'il faut toujours essuyer dans les meilleures comédies », afin de supprimer les épisodes parasites et un délayage fastidieux, Lesage s'avisa de condenser en un acte ce qui d'ordinaire en remplissait trois, comme il avait déjà fait pour Crispin rival de son maître et pour la  Tontine, et de fournir la représentation avec deux petites comédies, entièrement distinctes, réunies artificiellement par une troisième petite pièce, qui servirait de prologue. "

    "Voici le plan, très simple, d'une de ces trilogies foraines. L'ancien discours, que prononçait avant la représentation l'un ou l'autre des acteurs, est remplacé par  une courte  comédie-prologue,  la Foire de Guibray ; on y voit un comédien italien avec sa troupe, et Arlequin à la tête d'une troupe d'Arabes, qui viennent demander l'autorisation de donner quelques représentations au juge de Guibray, et celui-ci leur répond :

    Que chacun de vous par ses jeux
    Tâche d'avoir la préférence:
    Celui qui le plus me plaira
    Dans cette ville restera.

    Voilà le lien, bien fragile,  qui va réunir les trois pièces. Sur cette parole, les Arabes jouent Arlequin Mahomet, un petit acte romanesque et  pyrotechnique, dont Cailhava a tiré en 1770 son Cabriolet volant, et les Italiens représentent le Tombeau de Nostradamus.(...) Le juge de Guibray donnera-t-il la préférence aux comédiens italiens  ou aux comédiens  arabes ?
    Cruelle énigme, dont nous ne saurons jamais le mot. "

     ¹ N.M.Bernardin. La comedie italienne en France et les théâtres de la foire et du boulevard. Editions de la revue bleue, Paris, 1902. pages 113/114.