Sur Les Onze de Pierre Michon
- Par lexen
- Le 19/08/2021
Si le roman s'invente dans les marges de l'histoire, la littérature parvient, parfois, à modifier la perception de celle-ci. ___________________ Conversation entre Pierre Michon et Jean-Clément Martin
___________________ La suite de ce billet s'attache surtout à offrir une idée d'ensemble de l'ouvrage. plutôt qu'une analyse, ou un propos d' esthétique picturale. ___________________ Dans cette absoption de l'histoire par la fiction un narrateur anonyme s'adresse à un lecteur virtuel et lui raconte d'abord, sur un mode balzacien, l'enfance du peintre Corentin, limousin né près d'Orléans à Combleux. et qui va trouver l'occasion de peindre ce tableau des Onze, sujet, actant principal du livre. D'où viennent les personnages historiques représentés ?
Le rôle de Collot C'est un trio composé de Collot d'Herbois, Léonard Bourdon, et Proli le mécène de l'affaire, l'homme aux mains d'or, le banquier des patriotes (p.83,id.) qui passe cette commande insolite : " Peins Le Grand Comité de l'an II. Le Comité de salut public. Fais-en ce que tu veux : des saints, des tyrans, des larrons, des princes. Mais mets-les tous ensemble " (p.89, id.) . Le dernier chapitre du roman, comme d'une écriture palimpseste, efface ce récit. Que s'est-il réellement passé durant cette nuit du 15 nivôse, d'ailleurs était-ce vraiment la nuit ? Il n'en resterait que les effets scéniques de trois personnages qui sont des types : Collot dans le rôle de Macbeth, Bourdon en Iago, Proli en Shylock (p.118,id.). Dans une dernière évocation des Onze sous forme de masques, Collot apparaît suspendu au-dessus de sa pyramide des collets renversés (p.129,id.) Le livre se termine par une rêverie autour de Michelet et s'achève en méditation sur l'Histoire. Les douze pages de l'historien qui sont évoquées, purement fictives, semblent sortir d'un tableau de Caravage et non pas de Tiepolo. (p.120,id.) Sur le personnage de Corentin. Corentin le peintre, écrit le narrateur, travaille au Comité des arts dans l'atelier de David. S'il est un maître, sa manière relève d'un ancien monde tiepolien, obsolète, que David méprise à l'égal de Fragonard et de Greuze. C'est avec un grand fou rire intérieur (p.88 id.) que Corentin exécute sérieusement des lubies voulues par David. _________________________ Comité de surveillance révolutionnaire de la section parisienne de l’an II, d’après Jean-Baptiste Huet. (Bibliothèque nationale de France, Paris)) On y voit des sans-culottes interroger un vieux citoyen qui exhibe un certificat de civisme...
|